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N’oublions pas !
mélodie
Poem: Jules Barbier (1825–1901), prolific librettist, especially in collaboration with Michel Carré.
Elle était jeune et jolie,Et moi, j'aimais follement(Peut-être son cœur l'oublie)Son regard pur et charmant.Mes yeux seuls osaient lui direCe que je pensais tout bas !J'ai pleuré de son sourire,Ô mon cœur, n'oublions pas !Un jour, étrange folieQui soudain vint m'embraser(Son cœur peut-être l'oublie),Je lui ravis un baiser.Dans son trouble encor plus belleJe la vis fuir de mes bras ;Un baiser volé, dit-elle,Mon cœur ne l'oubliera pas.Ma voix alors la supplie :« Du baiser faites-moi don ! »Et j'obtins (son cœur l'oublie)Le baiser et le pardon.Pure ivresse, ardente flamme,Au seuil même du trépas,Rassasie encor mon âmeTriste et seul, n'oublions pas,Ô mon cœur, n'oublions pas !
Elle était perfide et blonde,Et moi, j’étais amoureux ;Les beaux soirs, au bord de l’onde,Nous allions rêver à deux.Elle regardait les vagues,Moi, je désirais ses yeuxAux lueurs traîtres et vagues,Et l’or vert de ses cheveux.Elle suivait une voileBalancée à l’horizon,Moi, je songeais à l’étoileAux vitres de sa maison !Je songeais à l’âpre ivresse,A l’exquise déraisonOù le cœur fou de tendressePardonne à la trahison !En proie aux sombres folies,Je la pris entre mes bras :« O maîtresse qui m’oubliesC’est ce soir que tu mourras !A la mer qui te désireJe ne te refuse pas !Vas noyer ton faux sourireDans la nuit et le trépas ! »
Composition: This song was probably derived from Paddock’s song at the end of Act I of La Coupe du roi de Thulé, composed in 1868-69. The song’s metre is close to that of the published libretto, it has three verses, and it ends with a strong dramatic gesture as he throws the royal cup into the sea. Dean identified it with Yorick's first Air in that opera, pointing to a prominent theme in bar 10 of the song found also in the Prélude of the opera. But the verse of Yorick's first Air is composed in a different metre. The verses of Paddock’s song are:
Quand mourut le lion farouche,De vieillesse moins que d’ennui,Il fit, de sa funèbre couche,Mander le singe auprès de lui.« Ami, dit-il, prends ma couronne ;Je veux… c’est ma dernière loi,Que ton choix souverain la donneA qui doit régner après moi. »L’ambition donna la fièvreAux plus vils comme aux plus méchants.Soudain l’audace vint au lièvreEt le loup prit des airs touchants.L’âne, de son savoir immense,Vanta la haute utilité ;Le tigre prêcha la clémenceEt le renard la loyauté !Jadis insulté par les cuistres,Jadis rudoyé par les forts,Le singe vit peuple et ministresLui rendre hommage !... Mais alors,Pour se venger et sur la placeLes voir tous s’entre-déchirant,Le singe, avec une grimace,Jeta la couronne au torrent.
Autograph score:
Manuscript voice part:
Choudens, as no. 13 in Seize Mélodies, 1883, in two keys. The lower key is F minor. IMSLP.
Choudens, père et fils, 30 Boulevard des Capucines, pl. no. A.C. 6167 (high key), 1884, and A.C. 6587 (low), 5 p., 1886, in two keys. Copies: F-Pn Vm7 32705(1–2) (both keys), GB-Lbl H.2836.s.(46) (low key), GB-NWm (both keys), GB-Ob Mus 5.c.B.63 (both keys)
Durdilly, as no. 568 in Série 23 of Édition française, c. 1890 (lower key). GB-NWm.
Hansen, Copenhagen, pl. no. 12409, 5 p., 1898, in Swedish, French and Danish. D-B.
- Dean 186, 188, 190, 270
- Frits Noske, French Song from Berlioz to Duparc (New York: Dover, 1970), p. 197-98