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Morts pour la France !

lost

Poem: Victor Hugo (1802–85), Hymne, from Les Chants du crépuscule (1835)

Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie

Ont droit qu'à leur cercueil la foule vienne et prie.

Entre les plus beaux noms leur nom est le plus beau.

Toute gloire près d'eux passe et tombe éphémère ;

Et, comme ferait une mère,
La voix d'un peuple entier les berce en leur tombeau !
Gloire à notre France éternelle !
Gloire à ceux qui sont morts pour elle !

Aux martyrs ! aux vaillants ! aux forts !
À ceux qu'enflamme leur exemple,

Qui veulent place dans le temple,
Et qui mourront comme ils sont morts !
C'est pour ces morts, dont l'ombre est ici bienvenue,

Que le haut Panthéon élève dans la nue,

Au-dessus de Paris, la ville aux mille tours,

La reine de nos Tyrs et de nos Babylones,

Cette couronne de colonnes

Que le soleil levant redore tous les jours !


Gloire à notre France éternelle !

Gloire à ceux qui sont morts pour elle !

Aux martyrs ! aux vaillants ! aux forts !

À ceux qu'enflamme leur exemple,

Qui veulent place dans le temple,

Et qui mourront comme ils sont morts !


Ainsi, quand de tels morts sont couchés dans la tombe,

En vain l'oubli, nuit sombre où va tout ce qui tombe,

Passe sur leur sépulcre où nous nous inclinons ;

Chaque jour, pour eux seuls se levant plus fidèle,

La gloire, aube toujours nouvelle,

Fait luire leur mémoire et redore leurs noms !


Gloire à notre France éternelle !

Gloire à ceux qui sont morts pour elle !

Aux martyrs ! aux vaillants ! aux forts !

A ceux qu'enflamme leur exemple,

Qui veulent place dans le temple,

Et qui mourront comme ils sont morts !

Composition: December 1870, during the siege of Paris. In a letter to Guiraud of 13-12-1870, Bizet refers to a patriotic piece Morts pour la France ! which was rejected by the publisher Choudens, although it is not clear whether the music was composed or not.

Letter:
'Choudens est venu tout à l'heure chercher les mélodies que je lui destinais. J'ai dû, selon ses habitudes, lui donner préalablement connaissance des paroles. Tu connais les vers de Hugo :

Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie...

J'avais intitulé ce morceau : Morts pour la France ! A ce mot Choudens m'interrompt : «– Bien triste, mon ami, bien triste ! Si ça vous est égal, pas celle-là, mon ami, pas celle-là ! Ça m'attristerait d'avoir ça dans mon magasin ! [...] Si par malheur votre affaire avait du succès, je serai rasé toute la journée par « Morts pour la France ! monsieur, S. V. P. » '
Gallet, Notes d'un librettiste, p. 55–56
Bibliography: