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Hymne de la paix
Poem: Gustave Chouquet (1819–86), author of Histoire de la musique dramatique en France depuis ses origines jusqu’à nos jours (1873).
A l'appel viril de la France,Sous nos drapeaux entrelacés,Entonnons l'hymne d'espérance ;Les jours de haine sont passés !Un avenir meilleur se lève,Défiant les destins jaloux :C'est au fort de briser son glaive.Dieu le veut ! Peuples, suivez-nous !Le Christ a dit : Paix sur la terreAux cœurs de bonne volonté !Accomplissons ce grand mystère :Le droit sous la paix abrité.Arrière la paix des esclaves,La paix qu'on subit à genoux !La nôtre est l'armure des braves.Dieu le veut ! Peuples, suivez-nous !L'harmonie est la loi des mondes :Tout travaille aux divins concerts !Paix courageuse, aux mains fécondes,Fais resplendir notre Univers !Qu'en tout lieu la famille humaineLève au ciel son front mâle et doux !La terre marche et Dieu la mène...Dieu le veut ! Peuples, suivez-nous !
Composition: May – June 1867. For the Exposition Universelle of 1867 two composition concours were announced by the Minister in charge, one for a Hymne, the other for a Cantate. Bizet entered for both (for the cantata, see Les Noces de Prométhée). The words of the Hymne were put out for competition, and two poems were accepted, one in four verses by François Coppée, the other in three verses by Gustave Chouquet. Both poems were published in Le Moniteur on 6-4-1867 and in the Revue et gazette musicale on 5-5-1867. The judges were named as Rossini, Auber, Berlioz, Carafa, David, Kastner, Mellinet, Mermet, Poniatowski, Reber, Thomas and Verdi, under the chairmanship of Gounod. The compositions had to be submitted by 1 June and identified only by a motto, with the author’s name and address attached in a sealed envelope. Bizet gave his pseudonym Gaston de Betsi.
Over 800 works were submitted, all today preserved in the Archives Nationales (F-Pan F12 3097–3099). Some were simple melodies without accompaniment for one verse only, some, such as Bizet’s, were extended settings. A few called for full orchestra; Bizet alone used full chorus and a large brass ensemble, heavy in Sax instruments. He chose Chouquet’s poem as his text and modified the title from Hymne à la paix to Hymne de la paix. No prize was awarded.
Bizet’s motto 'Fù il vincer sempre mai laudabil cosa' is the first line from Canto XV of Ariosto’s Orlando furioso (1516), 'To win was always a splendid thing'.
Autograph score: not known
Manuscript score: F-Pan F12 3098, 32-stave paper cut down to square. 12 f. (title page, blank, music p. 1–21, blank), in the hand of Edmond Galabert.
'Guiraud et moi, nous avons remis nos petites saletés au concierge de la Commission impériale hier Mercredi 5, vers 10 h. ½. A notre aspect, ou plutôt à l’aspect de nos paquets, ce haut fonctionnaire s’est écrié : « Comment, encore ! Ah ça ! Mais tout le monde est donc musicien. Ah ! sacredié ! il est temps que ça finisse ! » Il y avait plusieurs personnes dans la loge, notre situation devenait cruelle. Je la relevai par un coup d’éclat : « Tout le monde n’est pas musicien, répondis-je, avec un air grand seigneur, et je vous prie de croire que nous ne le sommes pas plus que vous, mais je m’intéresse à un pauvre diable qui a ce malheur, et je vous recommande tout particulièrementt cette musique. » Ma phrase n’était pas achevée, et déjà le casque galonné de mon interlocuteur était à la hauteur de mes genoux. Tous les assistans s’inclinaient avec respect et disaient à part : « il n’est pas musicien ! » car tout le monde sait aujourd’hui que pour n’être pas musicien il faut être au moins Altesse... ou concierge.
Ouf ! C’est fini !...
J’ai passé deux nuits... et sans aucune vergogne... je viens vous signaler mes bibelots ainsi que ceux de mon cher Guiraud que j’ai fait concourir de force. Au milieu de cette bagarre, il pourrait arriver que nous fussions égarés ou omis... et ce serait vexant d’avoir tant pioché pour n’être pas même examiné ! [...]
Bizet, hymne, 'Fu il vincer sempre mai laudabil cosa' (Ariosto). Cantate: 'J’ai formé l’assemblage des lettres et fixé la mémoire, mère de la science et âme de la vie'. (Eschyle, Prométhée).
Et voilà ! d’avance mille gros merci.'
Document:
'La cantate était jugée par eux [Bizet and Guiraud]
intéressante ; ils pensaient qu’on pouvait écrire avec elle de la vraie
musique, et celle de Bizet était belle, en effet. L’hymne, au contraire,
accompagné par une fanfare, leur paraissait n’être qu’un chœur
d’orphéon, et ils le tournaient en charge, s’étudiaient à être
vulgaires. Bizet, pour qu’on ne reconnût pas son écriture, me le faisait
copier, et je me souviens d’une bonne soirée de travail à nous trois, au
mois de mai, rue Fontaine, Guiraud et lui orchestrant leurs cantates,
moi transcrivant son hymne.'
- Curtiss 194–96
- Dean 65–66, 272
- Lacombe 379–81