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Adieux à Suzon

mélodie

[musical score]
210 bars
tenor or soprano and piano
baritone or contralto and piano

Poem: by Alfred de Musset (1810–57), Adieux à Suzon, first published in the Revue de Paris in May 1852 and collected in the 1852 edition of his Poésies nouvelles. ‘Suzon’ was the daughter of the préfet of the Vosges, M. de la Bergerie, when de Musset was visiting in 1845.

Adieu, Suzon, ma rose blonde, 

Qui m'as aimé pendant huit jours ;

Les plus courts plaisirs de ce monde

Souvent font les meilleurs amours.

Sais-je, au moment où je te quitte, 

Où m'entraîne mon astre errant ?

Je m'en vais pourtant, ma petite, 

Bien loin, bien vite, 

Toujours courant.


Je pars, et sur ma lèvre ardente 

Brûle encor ton dernier baiser. 

Entre mes bras, chère imprudente, 

Ton beau front vient de reposer.

Sens-tu mon cœur, comme il palpite ?

Le tien, comme il battait gaiement !

Je m'en vais pourtant, ma petite, 

Bien loin, bien vite, 

Toujours t'aimant.


Paf ! c'est mon cheval qu'on apprête. 

Enfant, que ne puis-je en chemin 

Emporter ta mauvaise tête,

Qui m'a tout embaumé la main !

Tu souris, petite hypocrite, 

Comme la nymphe, en t'enfuyant. 

Je m'en vais pourtant, ma petite, 

Bien loin, bien vite, 

Tout en riant.
Que de tristesse, et que de charmes,

Tendre enfant, dans tes doux adieux !

Tout m'enivre, jusqu'à tes larmes, 

Lorsque ton cœur est dans tes yeux.

A vivre ton regard m'invite ; 

Il me consolerait mourant.

Je m'en vais pourtant, ma petite,

Bien loin, bien vite, 

Tout en pleurant.


Que notre amour, si tu m'oublies,

Suzon, dure encore un moment ; 

Comme un bouquet de fleurs pâlies, 

Cache-le dans ton sein charmant ! 

Adieu ; le bonheur reste au gîte, 

Le souvenir part avec moi :

Je l'emporterai, ma petite, 

Bien loin, bien vite,

Toujours à toi.

Composition: September 1866 for publication by Heugel in Feuilles d’album.

Autograph score: not known

Printed scores:

Dedicatee: Hermann Léon (1814–1858) was a baritone who sang at the Opéra and the Opéra-Comique, but the dedication must be to his much less well-known son. Bizet accompanied him in a recital in Beauvais in January 1868.

Letter:
'Je viens de faire au galop six mélodies pour Heugel. Je crois que vous n’en serez pas mécontent. J’ai bien choisi mes paroles: [...] Je n’ai pas supprimé une strophe, j’ai tout mis. Ce n’est pas aux musiciens à mutiler les poètes.'
Galabert, p. 77
Bibliography: