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A Une Fleur

mélodie

[musical score]
143 bars
mezzo-soprano or baritone and piano
Poem by Alfred de Musset (1810–1857), A Une Fleur, first published in the Revue des deux mondes, 1-12-1841, with the title, A une fleur envoyée. Collected in Poésies nouvelles (Paris, 1850). The poem was also set by Edouard Lalo and Emile Pessard.

Que me veux-tu, chère fleurette,
Aimable et charmant souvenir ?
Demi-morte et demi-coquette,
Jusqu’à moi qui te fait venir ?
Sous ce cachet enveloppée,
Tu viens de faire un long chemin.
Qu’as-tu vu ? que t’a dit la main
Qui sur le buisson t’a coupée ?
N’es-tu qu’une herbe desséchée
Qui vient achever de mourir ?
Ou ton sein, prêt à refleurir,
Renferme-t-il une pensée ?
Ta fleur, hélas ! a la blancheur
De la désolante innocence ;
Mais de la craintive espérance
Ta feuille porte la couleur.
As-tu pour moi quelque message ?
Tu peux parler, je suis discret.
Ta verdure est-elle un secret ?
Ton parfum est-il un langage ?
S’il en est ainsi, parle bas,
Mystérieuse messagère ;
S’il n’en est rien, ne réponds pas ;
Dors sur mon cœur, fraîche et légère.
Je connais trop bien cette main,
Pleine de grâce et de caprice,
Qui d’un brin de fil souple et fin
A noué ton pâle calice.
Cette main-là, petite fleur,
Ni Phidias ni Praxitèle
N’en auraient pu trouver la sœur
Qu’en prenant Vénus pour modèle.
Elle est blanche, elle est douce et belle,
Franche, dit-on, et plus encor ;
A qui saurait s’emparer d’elle
Elle peut ouvrir un trésor.
Mais elle est sage, elle est sévère ;
Quelque mal pourrait m’arriver.
Fleurette, craignons sa colère.
Ne dis rien, laisse-moi rêver.

Composition: September 1866, for publication by Heugel in Feuilles d’album.

Autograph score: not known
Printed scores:

Dedicatee: Marie Cinti-Damoreau, adopted daughter of the singer Laure Cinti-Damoreau (1801–63) and wife of the composer and editor J.-B. Weckerlin (1821–1910).

Letter:
'Je viens de faire au galop six mélodies pour Heugel. Je crois que vous n’en serez pas mécontent. J’ai bien choisi mes paroles: [...] Je n’ai pas supprimé une strophe, j’ai tout mis. Ce n’est pas aux musiciens à mutiler les poètes.'
Galabert, p. 77
Bibliography: